Dans la transition vers un monde industriel « moderne », il y a en particulier l'apparition des déchêts non-dégradables. Avant ça, on peut jeter tout n'importe où, mais avec l'utilisation généralisée du plastique en particulier, il est vraiment indispensable d'avoir un bon système de ramassage et de retraitement des déchêts. Et bien évidemment, il faut aussi que les gens prennent les bonnes habitudes.
Malheureusement, tout ça est bien loin d'être le cas ici. Côté infrastructure, c'est déjà pas la panacée. Voici à quoi ressemble une poubelle du campus :
Poubelles vides
Pas de couvercle, c'est un détail, mais dans un pays où les chiens (et vaches !) errants sont aussi courants, et où on peut compter sur la mousson pour finir de « nettoyer » les emballages toxiques, c'est un détail qui a son importance. Voici à quoi ressemble une autre poubelle, un peu plus pleine cette fois-ci (malheureusement, pas d'exagération ici, c'est une poubelle tout ce qu'il y a de plus normal ici, et beaucoup sont bien pires).
Poubelles pleines
Je me souviens de mon premier séjour en Inde, sortant de chez moi avec un sac poubelle à la main me disant « je vais la vider dans un container », et du temps qu'il m'a fallu pour réaliser que la poubelle publique, c'était le tas d'ordures, là, au bord de la route.
Mais l'infrastructure n'est pas le seul problème ici. Moi, on m'a appris tout petit à ne pas jeter les plastiques et les papiers par terre, mais c'est loin d'être le cas de tout le monde ici. Dans un effort d'éducation populaire, la plupart des poubelles portent l'inscription « Use me », ce qui fait que pas mal de monde appelle ça des « Use me », mais sans pour autant suivre ce conseil. L'endroit le plus flagrant est le train. À part en première classe, il n'y a pas de poubelle. Quand vous terminez un thé dans un gobelet en plastique, la méthode « normale » pour s'en débarasser ici, c'est de le jeter par la fenêtre. Idem pour la barquette dans laquelle on vous a servi le repas, ... En rentrant de Top-Slip, par exemple, un type jette une bouteille en verre par la fenêtre. Mon voisin (qui a fait des études supérieures, qui bosse dans l'informatique, ...) est choqué. Il me dit que c'est interdit de jeter des bouteilles comme ça. Quelques minutes plus tard, me voyant mettre de côté le gobelet dans lequel je venais de prendre un thé, me propose de le jeter pour moi par la fenêtre. Mais non, celui-là a fini dans une vraie poubelle.
En bon écolo, j'essaye de ne pas tomber dans le système indien, et j'essaye d'expliquer au gens que bon, les poubelles, c'est pas si mal. Mais en particulier dans le train, c'est assez désespérant. Un jour, un type me voyant là aussi me constituer une petite poubelle me demande très intrigué pourquoi je ne jette pas tout ça par la fenêtre, je lui dis que je vais le mettre dans une vraie poubelle. « - Ah, use-me? - Yes ! ». Un peu plus tard, il me regarde d'un air géné et interrogatif : il a un bout de plastique dans la main, et s'apprête à le jeter par la fenêtre, et semble chercher mon approbation. Je lui dit qu'il ferait mieux de le mettre à la poubelle, mais bon ... Un dodinement de la tête et il lâche ce qu'il tenait dans la main à l'extérieur du train.
Par contre, le recyclage est bien passé dans les habitudes ici. Par exemple, la plupart des bouteilles en verre sont consignées (c'est même plus que du recyclage, c'est de la réutilisation directe !). Pour ce qui est du papier, on peut revendre le papier pour trois fois rien. Il y a même un type qui passe dans l'institut en criant « paper, paper, paper », à qui on peut refiler les vieux journaux (et les bouteilles de bière ;-) ).
Et avant même le recyclage, il y a aussi une culture du bricolage qui permet tout simplement de continuer à utiliser les objets plus longtemps. Par exemple, voici à quoi ressemblent mes chaussures :
Sandales rafistollées
Bon, l'air de rien, sur la paire, il y a 6 oeillets (30 roupies, mais c'est parce que je n'avais pas demandé le prix avant. Ça aurait du être moins), 3 petits clous (3 roupies). Et ne croyez pas que je soit allé dans un atelier spécialisé pour tout ça, non, il y a des cordonniers de fortunes qui travaillent assis par terre avec un marteau, trois clous et un tube de colle pour fond de commerce, à tous les coins de rue.
Je ne saurais terminer ce billet sans vous parler du système de tri et retraitement des déchets organiques :
Vache