Vous vous souvenez sûrement de ma première expérience de copie de clé, un peu artisanale. Si vous êtes curieux, vous n'êtes déjà pas très rassurés par la fiabilité des serrures indiennes.
Voilà mon problème : j'ai un vélo, j'ai perdu la clé (enfin, je veux dire, c'est la troisième fois que je perd ma clé et je n'avais fait que deux doubles. Les vélos d'ici ont en général un antivol intégré, qui ne reste ouvert que si on laisse la clé dedans, résultat, soit on se ballade avec la totalité du porte clé qui brandouille et on risque de tout perdre, soit on a une clé qui se ballade toute seule). Je n'avais pas encore eu le temps de m'en occuper, mais j'avais prévu un plan en plusieurs étapes : 1) passer devant le garde à la sortie et lui expliquer que si, si, c'est bien mon vélo et que je ne suis pas un voleur, tout en portant mon vélo, 2) apporter mon vélo au vendeur de vélo pour qu'il scie l'antivol et qu'il en mette un neuf.
Et voilà qu'en discutant avec mes nouveaux voisins allemands, ils m'expliquent qu'ils ont eu un problème un peu plus embêtant : ils se sont enfermés en dehors de leur appart. Mais pas de panique, les copieurs de clés de Yeswantpur se déplacent à domicile, et vous font des duplicata, même si vous n'avez pas l'original. Je décide dont de tenter ma chance en apportant mon vélo là bas. L'efficacité légendaire des gardes du campus me permet de passer sans même avoir à m'expliquer, avec juste un sourire et un dodinement de la tête (en réalité, derrière des apparences plus ou moins militaires, les gardes sont à mon avis surtout là pour empêcher les mendiants de rentrer).
Je peux donc vérifier les affirmations de mes voisins. La serrure de mon vélo étant particulièrement merdique, il aura fallu pas moins de 6 minutes 30 (montre en main, si si, je suis curieux !) à un gamin d'une douzaine d'années pour me refaire une clé. Le principe est simple : les clés sont de toutes façons faites d'un métal assez mou, donc on rentre la clé dans la serrure, on bourrine, et on lime là où ça laisse des marques. Comme chez le dentiste.
A noter qu'une fois le premier « original » reconstitué, la tâche qui aurait du être plus facile s'est plutôt compliquée, puisqu'au bout de quelques minutes, mon serrurier jette négligemment sa première tentative sur l'établi et repart d'une clé vierge. Comme quoi, on se demande vraiment pourquoi on s'embête à emmener l'original pour se faire faire un double !