19 aoû.
Par Matthieu Moy,à 23:40 :: Inde :: #132 :: rss :: Tags: Culture
15 Août : Independance Day !
15 Août 1947, après des années de lutte, en partie grace au mouvement de non-violence active mené par Gandhi, et suite à un certain nombre de massacres sans pitié, l'Inde obtient son indépendance et devient un pays à part entière, qui se séparera un peu plus tard dans de nouveaux bains de sang pour donner naissance au Pakistan et à l'Inde que nous connaissons aujourd'hui.
59 ans plus tard, ce jour est toujours la fête nationale de l'Inde, bien sûr. Beaucoup d'indiens m'ont demandé quand était la fête de l'indépendance en France. Bon, disons que chez nous, c'est un peu comme le 14 juillet, sauf qu'en Inde, quand on célèbre quelque chose, on se contente rarement d'une demi-heure de feu d'artifice. En bref, c'est quelque chose !
59 ans plus tard, ce jour est toujours la fête nationale de l'Inde, bien sûr. Beaucoup d'indiens m'ont demandé quand était la fête de l'indépendance en France. Bon, disons que chez nous, c'est un peu comme le 14 juillet, sauf qu'en Inde, quand on célèbre quelque chose, on se contente rarement d'une demi-heure de feu d'artifice. En bref, c'est quelque chose !
Je n'ai pas eu le courage de m'entraîner et de m'inscrire pour la course à pieds de la fête de l'indépendance. La journée ne commence donc « que » vers 8h (ici, c'est considéré comme tôt), devant le « main building », pour la cérémonie officielle.
Le monde arrive petit à petit, la cérémonie se prépare, le drapeau est monté mais reste embobiné dans une ficelle jusqu'au dernier moment.
En fait, le drapeau est plein de fleurs, comme tous les drapeaux de la fête de l'indépendance. Les fleurs seront libérées avec les applaudissements du public par un personnage important. Ici, ce sont les dirigeants de l'institut qui s'occupent de tout ça, mais dans chaque quartier, les habitants installent leur drapeau, et les élus font le tour de la ville pour les déployer.
Bien sûr, il y a le traditionnel discours, enfin, les discours : si on le fait en anglais, on n'est pas sur que tout le monde comprenne, et c'est encore moins le cas en Hindi ou en Kannada, donc autant faire un discours dans chacune des langues officielles.
Le discours est principalement axé sur le fait que les gens de l'institut sont l'avenir de l'Inde (on nous rabâche souvent pendant nos études supérieurs en France que nous sommes « l'élite de la nation », mais c'est vrai que ce discours prend une autre dimension ici). Le discours en Anglais conclue en rappelant le rève de Tata, fondateur de l'institut (et de l'entreprise Tata qui fabrique à peu près tout ici) il y a un siècle, et en faisant remarquer avec justesse le contraste entre la statue de cet indien faisant face au « main building » d'architecture plutôt anglaise.
Les discours officiels sont suivis de musique. Chants indiens, instruments traditionnels et moins traditionnels, par des jeunes et des moins jeunes.
Tout ceci se conclue par une distribution de pâtisseries indiennes, que nous allons manger avec quelques Idly, dosa, pain et thé au nouveau TMC avec Vivek, mon voisin, et Andreas et Julia, le couple d'allemands.
Mais ce n'est pas le tout, je suis bien décidé à profiter de ma journée, j'enfourche mon vélo et part en direction de SK Gardens, où j'habitais l'été 2001. Mon chemin passe par JC Nagar, où je tombe sur un autre de ces drapeaux :
Ahh, j'adôore cette ambiance. Dilemme, comme toujours : admirer tout ça discrètement et profiter du temps présent, ou bien sortir mon appareil photos. Je craque et j'opte pour la deuxième solution (en un sens, c'est pas vous qui allez vous en plaindre non plus, hein !). Forcément, conséquence immédiate, une foulle de gamins se précipite sur moi. Bon, l'avantage du numérique, c'est qu'on peut prendre pleins de photos, les montrer aux enfants tout de suite, sans que ça ne coûte cher, mais y'a toujours l'image du blanc qui arrive avec son truc électronique qui coûte un an du salaire moyen indien, on rigole bien avec les enfants, mais il y a quand même un truc qui ne me plait pas.
Un policier tente sa chance en me disant que pour prendre des photos, il faut demander une autorisation speciale. C'est ça, tu crois que tu vas avoir ton backchiche comme ça ?
Tout de suite, les enfants m'emènent au bout de la rue. Sur la rue principale, il y a un drapeau plus grand, une carte de l'Inde au sud (notez que le sri-lanka a été annexé pour l'occasion, mais bon) :
Il y a pas mal de monde, un nuage de bonne humeur plane au dessus de tout ça. En quelques secondes, je me transforme en nationaliste indien, un pins sur la poche de ma chemise, une casquette, trois drapeaux en plastique sur mon vélo, le tout aux couleurs du pays bien évidemment. C'est l'occasion de discuter de tout et de rien avec pleins d'indiens. L'un d'eux m'a confié que pour lui, le seul point commun entre l'Inde et les USA, c'est d'avoir été libéré des anglais !
Les officiels arrivent. Bon, forcément, ils déploient le premier drapeau pendant que je regarde le deuxième et vice versa, donc je rate les deux, mais tant pis. La brochette d'élus et autres personnage officiels est acclamée, on distribue des pâtisseries indiennes. Le policier qui m'avait embêté tout à l'heure insiste pour que je prenne tout ça en photos.
Je passe un moment à SK Gardens, mais la plupart de mes anciens voisins ne sont pas là. Ce quartier que j'ai connu extrêmenent vivant a beaucoup changé. Ils n'ont plus de drapeau pour l'indépendance. Je n'ai pas trop compris ce qu'il s'était passé entre temps, mais apparemment, il y a une année ou ça a mal tourné.
En début d'après-midi, je décide de continuer au hasard des routes avec mon vélo. Je pensais aller jusqu'à Vindana Souda, le parlement du Karnataka, mais je n'irai finalement pas très loin, ayant trouvé un quartier vraiment extraordinaire. A la base, on devine que c'est un quartier de potiers à la quantité de pots empilés sur les balcons et les toits.
Mais là, c'est bientôt Ganesh Festival, n'oubliez pas. Donc on oublie un moment tout le reste, et on fait des statues de Ganesh. En fait, les statues sont apportées d'ailleurs (Pondichery je crois, d'après un vendeur), et sont peintes et vendues ici.
Et ici, on ne rigole pas sur la taille, la plupart sont vraiment énormes.
Je suis impressionné par le premier magasin que je vois, mais ma surprise ne s'arrête pas là. C'est vraiment tout le quartier qui vend des Ganesh. Peut-être une dizaine de magasins dans un rayon d'une centaine de mètres, et tous exposant leur statues.
Il y en a des petites, des grandes, des moulées, des faites sur mesure, des roses, des violets, ... c'est vraiment incroyable comme endroit.
Là non plus, je ne résiste pas à prendre quelques photos, et même en étant un minimum discrêt, la suite ne tarde pas : une famille m'invite dans leur magasin, et « take pictures, take pictures ». Bon, c'est parti pour la séance photos.
Après avoir pris la plupart des statues du magasin sous toutes les coutures sous la pression du public, ils me proposent de me prendre en photo, ce qui me permet par ailleurs de décomplexer un peu sur le fait que depuis que j'ai un appareil numérique, je ne sais plus prendre des photos droites.
Entre temps, je suis retourné dans ce quartier avec mes nouveaux voisins allemands (j'apprécie beacoup ces moments seuls, mais c'est quand même chouette de les partager aussi !). J'ai apporté une impression noire et blancs d'une des photos que j'avais prises pour les gens du magasin. Si j'ai le temps, je leur ferai quelques tirages couleurs et je leur apporterai. Ce qui est extraordinaire, c'est que j'avais l'impression qu'il y avait encore plus de Ganesh qu'avant. Comme si il y avait un flot continu d'arrivage de Ganesh.
Décidément, Ganesh Festival, ça promet !!
Pour bien terminer la journée, je vais à un concert organisé dans un amphi du campus. En bon indien, j'arrive avec à peine deux minutes de retard, la salle est déjà pleine. Je parviens à me trouver une place assis sur le muret en bois entre les escaliers et le dernier rang. Le monde continue à arriver, quelqu'un finit par aller chercher une table qui permet à une dizaine de personnes de plus d'avoir les yeux au dessus du muret en question pour assister au concert. La musique est sympa, et il faut dire que, du Céline Dion accompagné à la tabla et autres instruments de musiques indiens traditionnels, ça déchire !
Le monde arrive petit à petit, la cérémonie se prépare, le drapeau est monté mais reste embobiné dans une ficelle jusqu'au dernier moment.
En fait, le drapeau est plein de fleurs, comme tous les drapeaux de la fête de l'indépendance. Les fleurs seront libérées avec les applaudissements du public par un personnage important. Ici, ce sont les dirigeants de l'institut qui s'occupent de tout ça, mais dans chaque quartier, les habitants installent leur drapeau, et les élus font le tour de la ville pour les déployer.
Bien sûr, il y a le traditionnel discours, enfin, les discours : si on le fait en anglais, on n'est pas sur que tout le monde comprenne, et c'est encore moins le cas en Hindi ou en Kannada, donc autant faire un discours dans chacune des langues officielles.
Le discours est principalement axé sur le fait que les gens de l'institut sont l'avenir de l'Inde (on nous rabâche souvent pendant nos études supérieurs en France que nous sommes « l'élite de la nation », mais c'est vrai que ce discours prend une autre dimension ici). Le discours en Anglais conclue en rappelant le rève de Tata, fondateur de l'institut (et de l'entreprise Tata qui fabrique à peu près tout ici) il y a un siècle, et en faisant remarquer avec justesse le contraste entre la statue de cet indien faisant face au « main building » d'architecture plutôt anglaise.
Les discours officiels sont suivis de musique. Chants indiens, instruments traditionnels et moins traditionnels, par des jeunes et des moins jeunes.
Tout ceci se conclue par une distribution de pâtisseries indiennes, que nous allons manger avec quelques Idly, dosa, pain et thé au nouveau TMC avec Vivek, mon voisin, et Andreas et Julia, le couple d'allemands.
Mais ce n'est pas le tout, je suis bien décidé à profiter de ma journée, j'enfourche mon vélo et part en direction de SK Gardens, où j'habitais l'été 2001. Mon chemin passe par JC Nagar, où je tombe sur un autre de ces drapeaux :
Ahh, j'adôore cette ambiance. Dilemme, comme toujours : admirer tout ça discrètement et profiter du temps présent, ou bien sortir mon appareil photos. Je craque et j'opte pour la deuxième solution (en un sens, c'est pas vous qui allez vous en plaindre non plus, hein !). Forcément, conséquence immédiate, une foulle de gamins se précipite sur moi. Bon, l'avantage du numérique, c'est qu'on peut prendre pleins de photos, les montrer aux enfants tout de suite, sans que ça ne coûte cher, mais y'a toujours l'image du blanc qui arrive avec son truc électronique qui coûte un an du salaire moyen indien, on rigole bien avec les enfants, mais il y a quand même un truc qui ne me plait pas.
Un policier tente sa chance en me disant que pour prendre des photos, il faut demander une autorisation speciale. C'est ça, tu crois que tu vas avoir ton backchiche comme ça ?
Tout de suite, les enfants m'emènent au bout de la rue. Sur la rue principale, il y a un drapeau plus grand, une carte de l'Inde au sud (notez que le sri-lanka a été annexé pour l'occasion, mais bon) :
Il y a pas mal de monde, un nuage de bonne humeur plane au dessus de tout ça. En quelques secondes, je me transforme en nationaliste indien, un pins sur la poche de ma chemise, une casquette, trois drapeaux en plastique sur mon vélo, le tout aux couleurs du pays bien évidemment. C'est l'occasion de discuter de tout et de rien avec pleins d'indiens. L'un d'eux m'a confié que pour lui, le seul point commun entre l'Inde et les USA, c'est d'avoir été libéré des anglais !
Les officiels arrivent. Bon, forcément, ils déploient le premier drapeau pendant que je regarde le deuxième et vice versa, donc je rate les deux, mais tant pis. La brochette d'élus et autres personnage officiels est acclamée, on distribue des pâtisseries indiennes. Le policier qui m'avait embêté tout à l'heure insiste pour que je prenne tout ça en photos.
Je passe un moment à SK Gardens, mais la plupart de mes anciens voisins ne sont pas là. Ce quartier que j'ai connu extrêmenent vivant a beaucoup changé. Ils n'ont plus de drapeau pour l'indépendance. Je n'ai pas trop compris ce qu'il s'était passé entre temps, mais apparemment, il y a une année ou ça a mal tourné.
En début d'après-midi, je décide de continuer au hasard des routes avec mon vélo. Je pensais aller jusqu'à Vindana Souda, le parlement du Karnataka, mais je n'irai finalement pas très loin, ayant trouvé un quartier vraiment extraordinaire. A la base, on devine que c'est un quartier de potiers à la quantité de pots empilés sur les balcons et les toits.
Mais là, c'est bientôt Ganesh Festival, n'oubliez pas. Donc on oublie un moment tout le reste, et on fait des statues de Ganesh. En fait, les statues sont apportées d'ailleurs (Pondichery je crois, d'après un vendeur), et sont peintes et vendues ici.
Et ici, on ne rigole pas sur la taille, la plupart sont vraiment énormes.
Je suis impressionné par le premier magasin que je vois, mais ma surprise ne s'arrête pas là. C'est vraiment tout le quartier qui vend des Ganesh. Peut-être une dizaine de magasins dans un rayon d'une centaine de mètres, et tous exposant leur statues.
Il y en a des petites, des grandes, des moulées, des faites sur mesure, des roses, des violets, ... c'est vraiment incroyable comme endroit.
Là non plus, je ne résiste pas à prendre quelques photos, et même en étant un minimum discrêt, la suite ne tarde pas : une famille m'invite dans leur magasin, et « take pictures, take pictures ». Bon, c'est parti pour la séance photos.
Après avoir pris la plupart des statues du magasin sous toutes les coutures sous la pression du public, ils me proposent de me prendre en photo, ce qui me permet par ailleurs de décomplexer un peu sur le fait que depuis que j'ai un appareil numérique, je ne sais plus prendre des photos droites.
Entre temps, je suis retourné dans ce quartier avec mes nouveaux voisins allemands (j'apprécie beacoup ces moments seuls, mais c'est quand même chouette de les partager aussi !). J'ai apporté une impression noire et blancs d'une des photos que j'avais prises pour les gens du magasin. Si j'ai le temps, je leur ferai quelques tirages couleurs et je leur apporterai. Ce qui est extraordinaire, c'est que j'avais l'impression qu'il y avait encore plus de Ganesh qu'avant. Comme si il y avait un flot continu d'arrivage de Ganesh.
Décidément, Ganesh Festival, ça promet !!
Pour bien terminer la journée, je vais à un concert organisé dans un amphi du campus. En bon indien, j'arrive avec à peine deux minutes de retard, la salle est déjà pleine. Je parviens à me trouver une place assis sur le muret en bois entre les escaliers et le dernier rang. Le monde continue à arriver, quelqu'un finit par aller chercher une table qui permet à une dizaine de personnes de plus d'avoir les yeux au dessus du muret en question pour assister au concert. La musique est sympa, et il faut dire que, du Céline Dion accompagné à la tabla et autres instruments de musiques indiens traditionnels, ça déchire !
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