Gros arbre
Le paysagiste s'est inspiré du jardin du château de Versailles (authentique, il y a une expo dans le hall d'entrée qui explique ça), et puis ici, il y a la mer au bout de la pelouse, ça donne un petit quelque chose en plus quand même ! J'ai deux jours à passer ici. Le premier jour, je raconte les histoires de ma thèse informellement (j'ai même laissé un exemplaire de ma thèse avec sa belle couverture verte), on trouve quelques terrains d'ententes sur lesquels on pourra sans doute travailler ensembles après mon retour à Verimag. Il me parle de ce qu'il fait en ce moment, et des projets passés avec Verimag, dont une traduction de leur logique temporelle vers le langage Lustre, faite par une brillante étudiante alors en DEA qui se reconnaitra. Le soir, je fais un petit topo sur la « runtime verification » à une étudiante qui commençait sur le sujet. Bonne occasion pour faire de la pub pour le papier de Claude. Raah, qu'est-ce qu'on ferait pas pour attirer les citations. Le deuxième jour, re-one-man-show devant, hmm, au moins 4 personnes dont Paritosh ! TLM, SystemC et LusSy en long en large et en travers (là, je cite juste des trucs techniques pour paraître intelligent, j'avoue).
Ensuite, j'ai pu assister à un phénomène particulièrement étrange : un truc administratif, indien, et simple. Paritosh m'avait dit qu'ils prendraient en charge mes dépenses locales, je m'attendais à devoir fournir un dossier en 5 exemplaire avec copie de toutes les factures, et être remboursé 6 mois plus tard, mais non. Quelqu'un frappe à la porte de mon bureau. « Signez-là » -> « Payment received » et je garde l'enveloppe avec ses 4 petits billets verts dedans, qui payent largement non seulement mes dépenses locales, mais le train et une partie des vacances !
Vendredi soir, restaurant avec Paritosh, sa femme, et un de ses étudiants. Il choisi un excellent restaurant Rajasthanais tenu par un ancien professeur de l'institut. On prend plusieurs plats qu'on partage à 4. Miam. L'étudiant emmet l'idée qu'on pourrait prendre une bière, mais Paritosh est non-drinker, et il trouve un peu génant d'être à la même table que quelqu'un qui boit de l'alcool.
Mumbai de nuit
Arrive le Samedi matin. J'ai rendez-vous avec mon « professional experience giver » à 10 heures en ville. C'est parti pour une journée de folie dans Mumbai avec lui.
Profesionnal experience Giver
Il tiens à faire une liste numérotée des 25 endroits où il compte m'emmener dans la journée. Bon, sur les 25, il y a des trucs du genre « Ah, là, tu vois, c'est un terrain de golf » -> et hop, une croix. Mais il y a aussi des tas d'endroits plus remarquables, plus ou moins touristiques. Une première mosquée, le marché des voleurs qui démontent et revendent tout véhicule qui leur tombe sous la main en quelques dizaines de minutes, le temple de Mahalaxmi, dédié à la déesse de la thune (c'est un bon concept je trouve). Là, pour le coup, gros contrôles de police, mais rien à voir avec les attentats : bah oui, une déesse du pognon, il lui fallait bien une tête en or massif, et les mesures de sécurité qui vont avec. Sur un mur du temple, les gens posent des pièces de monnaie, les tenant un moment avec un doigt pressé contre le mur, puis lâchent, et la pièce tombe, ou bien reste aimantée, collée au mur. Il faut faire un voeu, et si la pièce tient, le voeu se réalise.
Une seconde mosquée sur le bord de mer. On n'ira pas voir celle-là de près, car le temps se gâte, le vent souffle fort et il pleut ...
Mosquée
On retourne voir les Dhobi Ghats, qu'on avait déjà vu en avril, mais à la tombée de la nuit donc quasi-déserts. Là, avec la pluie, c'est à peine mieux, mais ça reste toujours impressionnant : la plus grosse laverie de Mumbai, tout est lavé à la main, et le plus étonnant, il paraît qu'ils ne perdent jamais rien !
Dhobi Ghats
On passe aussi par des jardins publics amusants (noter le rhinocéros sur la photo).
Jardin
J'en profite pour me faire prendre en photo :
Moi
Un peu plus loin, c'est le temple Jain. Les Jains, c'est une religion, ou secte diront certains, qui va très loin dans les idées de respects des animaux. Non seulement ils sont végétariens, mais ont un style de vie draconien pour éviter d'écraser la moindre fourmi. Il paraît qu'ils sont très influents dans ce quartier de Mumbai, et qu'à chaque fois qu'un restaurant non-veg ouvre, ils le rachètent pour en faire un restaurant végétarien !
En milieu d'après-midi, on réalise qu'on n'a toujours pas mangé. Il m'explique que lui, ne mange pas pendant la journée, mais que par contre, si je veux lui payer une petite bière, il est pas contre. On se pose quand même dans un petit restau, il se contentera de deux tranches de pain grillées, entre lesquelles il glisse trois piments crus et une bonne dose de poivre. Il demande au serveur si il a des « fried elephant balls », ce à quoi le serveur répond en rigolant que, bon, c'est un restaurant végétarien ici.
Il y a aussi des endroits plus « gores ». Il m'emène dans l'endroit où il vit : une sorte d'hôtel bas de gamme. Très bas de gamme. Une grande pièce, des lits alignés et collés les uns aux autres avec deux allées d'un mêtre de large. Ils sont 32 là dedans. L'une des poutres au plafond est cassée, le plafond tiens grace à des étais, enfin, des grands bous de bois qui tiennent par l'opération du saint-esprit. Il me fait goûter un alcool local au citron. En Inde, j'ai rencontré assez peu de gens qui appréciaient l'alcool pour le gout seulement. En général, les gens sont soit non-buveurs, et ne connaissent même pas le goût de l'alcool, soit à moitié alcoliques, buvant uniquement pour être bourrés, le moins cher possible. Ce petit alcool en est une assez bonne illustration, puisque pour 20 roupies (40 centimes d'euros), on a 180ml d'alcool à environ 40%, qui sans être mauvais, n'a finalement pas tellement de goût.
À la tombée de la nuit, il m'enème voir redlite district. C'est assez impressionnant et assez prenant. Imaginez une rangée d'indiens attendant leur bus sur le bord de la route. Pareil, sauf que là, ce sont des indiennes, et ce n'est pas le bus qu'elles attendent. Pour la plupart en sari, pour d'autres en tenue plus provocantes, il y en a une tout les mètres, et si on a le malheur de poser notre regard un peu trop longtemps, on a le droit à une scène familière des touristes en Inde : « Ooonly huuundred ruuupees ... ». Ici, on vend son corps avec autant d'insistance qu'une tenture, un pantalon ou une statue de Ganesh. Il m'explique que les enfants sont cachés à cause de la police, mais qu'on peut trouver des filles à partir de 5 ans. Il me rassure quand même en me disant que pour lui non-plus, hors de question de consommer.
10h, Il est temps de rentrer, je repart tôt le lendemain, mon ami me pose dans le bus et je rentre passer une dernière nuit à l'institut.
Profesionnal experience Giver, bis