Je m'y étais pris en avance, mais j'avais quand même une place SU (Side, Upper) dans le train, celles qui font 1m75 et où on peut pas déplier les jambes complètement. À côté, il y a une bande de joyeux jeunes indiens qui vont justement à Goa, et qui ont décidé de faire la fête, difficile de dormir. Et, bon, finalement, ils finissent par s'endormir, mais ils ronflent au moins aussi fort qu'ils crient alors ça ne change pas fondamentalement mon problème.
J'arrive au petit matin à Hubli. Cette fois-ci, on n'ira pas jusqu'à la colonie, vu que je repart le soir même pour Goa. Georgio a pris une chambre d'hôtel avec des amis à lui. J'en profite pour faire une petite sieste pour terminer ma nuit. J'ai un petit cadeau pour Georgio, enfin, c'est pas un vrai cadeau, c'est lui qui me l'avait demandé alors ça compte pas.
Ben oui, quoi de mieux qu'une tondeuse à cheveux à offrir à un moine bouddhiste !
On se ballade un peu dans les rues de Hubli. Ah, il faut prendre le ticket de bus pour Goa. Pas de bus privés, c'est pas la saison, il faudra se contenter d'un « Governmental bus » bien moins confortable. Au guichet, le type demande la ville exacte où je veux aller (Goa est un petit état). Je dis que je veux aller à Panaji, mais Georgio me dit d'aller à Vasco de Gamma, c'est là qu'il y a toutes les belles plages, ...
De retour à l'hôtel, je vérifie sur mon Lonely Planet et je demande à Georgio quelles plages il me conseille. Bah, Calangute, Anjuna, ... y'en a plein ! Euh, oui, celles qui sont au nord de Panaji où je voulais aller, alors que Vasco de Gamma est au sud ? Ah, bon, boulette.
En début d'après-midi, on passe un moment à la piscine. C'était Georgio qui avait suggéré ça la dernière fois que j'étais passé le voir. Il y a quelques autres moines de la colonie qui se baignent, mais surtout des enfants et adolescents indiens qui font les fous ou qui apprennent à nager. Évidemment, tout ça se termine sous la pluie, c'est la saison.
On passe le reste de la journée à alterner pauses farnienté dans la chambre d'hôtel devant la télé, ballades dans les rues de Hubli.
Affiches
Un truc étrange avec la notion d'accueil chez les tibétains, c'est que le premier contact est toujours très facile, mais il y a une sorte de distance qui reste et que je trouve difficile à éliminer. Par exemple, chez lui, je devais insister beaucoup pour qu'il mange avec moi. Sinon, ils me laissaient manger seul, ce que je trouve pas convivial du tout, mais qui est supposé être une marque de respect pour eux. Là, Georgio m'a laissé plusieurs fois seul dans la chambre d'hôtel parce qu'il devait s'occuper d'autre chose avec des amis à lui. Moi qui ne vois pas Georgio souvent, j'aurais préféré venir avec lui, mais pour lui, m'accueillir dignement, c'est s'assurer que je suis bien installé, et ne pas me déranger avec les histoires de ses amis. Bref, différentes cultures, différentes attentes, différentes réactions...
Georgio, et tous ses copains moines que j'ai rencontré m'ont tous parlé de la coupe du monde. Un moine m'a assuré que les 200 moines du monastère avaient regardé la finale, et qu'ils étaient tous pour la France. Comme dit Georgio dans son dernier mail, It is really pity that France lost the world Cup and more pity that Hero Zedani was red card for head buff to matarizi. !
Arrive finalement la fin de la journée, Georgio m'accompagne au bus. Un type me demande où je vais. J'explique que j'aurais voulu aller à Panaji, mais que j'ai un billet pour Vasco. « No problem, this is the bus for Panaji ». Je lui demande si c'est possible de prendre ce bus avec mon billet pour Vasco. « Ah, no, it's not possible. Where do you want to go ? » (bien prononcer « ver » pour « where » pour se mettre dans l'ambiance...). Je répète mon explication. « Ah, OK, no problem, this is the bus to Panaji ». Bon, il tourne en boucle, j'essaye de couper court à la conversation, « OK, thank you, I will manage ». Mais ce monsieur est très insistant, « Where do you want to go ? ». On finit par aller demander au contrôleur qui dit que c'est pas possible de changer, qu'il faut aller au bureau de réservation mais qu'il est fermé. « OK, no problem, you can change it, it's closed now, but you can go tomorow, 10 o'clock ». Oui, mais demain à 10 heure, je serai plus là, puisque je pars ce soir. Bon, je prendrai le bus pour Vasco, tant pis. « So, you don't want to go to Panaji ?? ». J'essaye déséspérement de me débarasser de ce monsieur fort serviable mais très collant et d'aucun secours en ce qui me concerne, mais c'est pas facile. Je me pose dans un coin et sort mon papier à lettres, à chaque fois qu'un bus arrive ou repart, le type vient vers moi « This is your bus to Panaji » (GRUMPH, T'ES SOURD OU QUOI, J'AI UN BILLET POUR VASCO ET JE PEUX PAS LE CHANGER !!!). M'enfin, à force de négociations et discussions en kanado-anglais (le principe : je parle anglais, et l'autre réponds en Kanada), je finis par revendre mon billet pour Vasco et achète un billet dans le bus pour Panaji, on peut les acheter dans le bus !
Après la version catapulte du bus de Madikeri, je découvre un nouveau type de mouvements. Je suis à l'avant et le bus secoue de gauche à droite au lieu de haut en bas. Le haut du bus penche de plusieurs dizaines de centimètres à chaque trou dans la route, sachant qu'il n'y a que des trous. Mais celà n'emêche pas le chauffeur de doubler plusieurs autres bus. La route deviens meilleure sur la fin, et mon voisin a le bon goût de se décaler d'un siège ce qui fait que je peux dormir près de deux heures recroquevillé sur la banquette. Arrivé à 5h30 à Goa, je suis super frais, et je m'apprête à passer une bien longue mais fort sympathique journée !
Fin de l'histoire en images :
http://matthieu.moy.free.fr/Hubli/