Post-doc a Bangalore

Rendez-vous à 10h à nôtre hôtel, et on prend le bus pour se rendre à la plantation du père de Kumar. Il est venu avec un ami à lui, qui est également guide, et du genre plutôt rigolo (c'est la saison creuse, donc tous ces gens n'ont pas grand chose à faire ...)

À l'arrêt de bus, Kumar nous présente son père. On marche un moment sur la route puis sur un large chemin de terre dans la forêt, et on arrive à une première maison. On s'y arrête un moment, on nous sert du café. Kumar nous explique que c'est du café qui vient de la plantation, « du bon », mais qu'en général, le bon café est exporté, et qu'on ne trouve que la mauvaise qualité en Inde. C'est toujours comme ça ici, « export quality », ou « imported » sont synonymes de « qualité supérieure ». Bon, ceci dit, si ça se trouve, il nous a servi du café soluble, mais c'est l'ambiance qui nous l'a fait trouvé bon, qui sait ?
Pour illustrer le contraste habituel en Inde entre les côtés sauvages, traditionnels, et les nouvelles technologies, imaginez la sonnerie d'un portable dernière génération (avec appareil photo, flash, email, ...) au milieu de toute cette végétation ...

On marche encore un peu. Le copain de Kumar nous montre des minuscules piments rouges sur le bord du chemin.

Il nous dit que c'est très fort, et nous conseille de croquer juste la pointe pour nous en rendre compte. Je porte le piment à ma bouche. Là, Kumar se retourne et me voit, il pousse un cri : « Nooo ». Ah, c'est vraiment si fort que ça ? ... Bon finalement, je croque quand même un tout petit bout, mais je peux confirmer que ça arrache !
Sur bord du chemin, il y a également un tas de plantes d'apparence tout à fait ordinaire. Le copain de Kumar nous les montre avec un grand sourire : « Bubble maker ! ». Il attrape une feuille, casse sa tige et étire ses fibres. La sève fait une sorte de colle savonneuse, et forme une petite membrane :

Il n'y a plus qu'à souffler, et voilà :

On croise aussi un mignon petit serpent. Kumar s'amuse à mettre son parapluie devant lui, puis lui chatouille la queue. Le serpent avance et se cogne contre le parapluie, n'arrivant pas à passer dessus. Il s'amuse à soulever le petit reptile en lui glissant un bâton sous le corps. On demande à Kumar si il est venimeux, il dit que oui, son copain dit que non. On demande si on peut mourir d'une morsure, ils hésitent, et nous disent : « a moitié ». Voilà qui est rassurant.
Un peu plus loin, on voit sur le bord du chemin une sorte de grosse chenille à carapace. Elle fait à peu près 5 centimètres de long, et un centimètre de diamètre. Quand on la touche avec un bâton, elle se recroqueville et fait une petite bille dure comme la pierre. Très rigolote elle aussi. Il y a aussi un Martin pêcheur bleu vif, des énormes papillons, un oiseau à deux queues : une queue normale et un petit bout de plûme qui vole derrière, comme tiré par une petite ficelle.
On arrive à une autre maison, une chaumière, dans laquelle on retrouve le père de Kumar. C'est rigolo, le père de Kumar, il ne marche jamais avec nous, mais il est toujours partout où on va ! Il nous sort un panier avec une dizaine de kilos de bananes et nous fait signe de nous servir. Les bananes sont toutes petites, mais tout à fait délicieuses. Le père de Kumar baragouine un truc en Kanada, Kumar nous dit en rigolant qu'il dit que si on n'en a pas assez, il en reste encore plein !

On passe la journée a se balader dans les plantations, mais le dernier bus est à 3h, donc il faut y retourner sans trop tarder. Une petite séance de tappe-cul indien bus, et nous revoilà à Madikeri.

Il nous reste un peu de temps avant la tombée de la nuit, nos guides nous conseillent d'aller voir la cascade d'Abee Falls. Il y a un peu de route pour y aller, puis un chemin pavé à travers la forêt. La cascade est assez jolie. Comme dans tout endroit fréquenté par les touristes indiens on se fait prendre en photos et filmer sous toutes les coutures par ces derniers.
La forêt fait tout un tas de bruits. Je vous laisse écouter ça ...

De retour à Madikeri, on tente d'aller voir le temple. On nous a indiqué la direction, mais ça ne nous a pas empêché de le rater. Bref, on a fait un joli tour dans les montagnes au dessus de la ville, et on est redescendu par un autre chemin. Ce qui est fort, c'est qu'on est quand même tombé sur le fameux temple sur le chemin du retour. Le temple lui-même est relativement quelconque, mais il y a un bassin devant avec des (enfin, une en tous cas) carpes gigantesques (près d'un mètre de long).
Il est l'heure de manger, on décide de rappeler Kumar pour lui proposer de manger ensembles. Il passe nous chercher en moto (oui, à trois sur la moto, c'est serré, mais ça passe), et nous amène dans le restaurant où il était en train de manger avec l'autre guide et deux autres copains. Enfin, « manger », disons qu'ils ont pris une assiète de poulet pour 4, et en sont au moins à leur 3ème bouteille d'alcool fort (wisky ou équivalent). On commande une bière chacun, et nous aussi une assiette de Chicken Chilly, avec deux parota (genre de pain-galette). Nos guides se moquent de nous et nous demandent pourquoi on prend de la bière. Finalement, une bière, ça coûte cher, et après une bière, on n'est même pas bourré, alors qu'eux, se mettent minables pour bien moins cher.
L'heure est venue de repartir. Cette fois, il y avait de la place dans le bus delux, mais uniquement tout au fond. Les sièges sont inclinables, mais les amortisseurs ne sont pas meilleurs qu'à l'aller. Chaque trou dans la route nous fait bondir de 10 centimètres au dessus de nos sièges. Les roues arrières étant assez loin de l'arrière du bus, il y a un effet d'amplification qui me fait penser à la situation suivante :

Bref, une nuit quasi-blanche en perspective, et la petite bière qui devait nous aider à dormir a surtout servi à remuer mon estomac encore un peu plus, et à arriver à moitié malade à Bangalore, à 4h30 du matin.

Plus de photos là bas :
http://matthieu.moy.free.fr/Madikeri/
Ah, au fait, si vous passez par Madikeri, contactez de notre part Kumar :
tel : +91 9880153510
e-mail : changappa_k@rediffmail.com