Bon, j'avais dit que je ferais un billet sur un truc autre qu'administratif, mais il faudrait encore qu'il y ai quelque chose d'autre que l'administration dans ma vie ...
Alors, le point positif, c'est qu'à part mon passeport, j'ai à peu près tout bon. Tenez, par exemple, j'ai réussi à m'inscrire à la cantine ("mess", qu'ils disent ici). On me montre le bureau où il faut aller, j'y vais, ils me disent qu'il faut une lettre de mon professeur, je vais faire la lettre, je la fait signer par Gopi, j'y retourne, on me dit de voir le chef à l'étage, il lit la lettre, la signe, me dit de retourner en bas. La dame regarde la lettre, la signe également et me dit de passer au bureau d'à coté, où on me donne une facture, à payer à la banque. Je vais à la banque payer mes 845 Roupies. Je tends fièrement deux billets de 500. « No change ». (Oui, j'ai bien dit « à la banque » ...). Je tends un peu moins fièrement un billet de 500, trois billets de 100, et un de cinquante. « No change, I told you ». Bon, je refais la queue au guichet d'à côté, qui a la monaie (étonant, non ?), je paye, je retourne au bureau qui s'occupe de la cantine, je donne la facture, retourne à la première dame, qui signe au dos de mon reçu, et voilà, maintenant, je peux manger à la cantine matin, midi, et soir. Enfin, il faut faire une petite signature à ma page dans le registre à l'entrée de la cantine à chaque fois. Sinon, ça serait pas drôle.
Ça, c'était la petite victoire de la quantine. Toute petite victoire, comparée à mon enregistrement au FRO (qui s'a pas encore le statut de « victoire »). Je suis donc allé voir le bureau des relations internationnales de l'IISc, et leur ai expliqué la situation. « AAAARrrghhh ! Vous leur avez montré la lettre de proposition de travail ?? Fallait surtout pas, maintenant, on va être obligé de faire comme ils disent. Il fallait venir nous voir avant toute chose, vous n'étiez pas au courrant ? ». Ben non, j'étais pas au courrant. Il y a le « chairman » et sa secrétaire. La secrétaire râle un peu qu'on aurait du venir plus tôt, et que maintenant, on est dans la m____, le chairman essaye de dédramatiser, ce qui est fait est fait ... Ils m'expliquent que si je n'avais pas montré la lettre, ils n'auraient surtout pas dit que j'étais payé. Ils ont l'habitude du FRO et de ses caprices, et savent comment les gruger. Bon, mais là, on ne peut plus gruger. L'ambassade de l'Inde en France a plusieurs copies de la lettre qui dit que je vais être payé et on l'a montré au FRO.
Effectivement, ils ont des problèmes avec l'ambassade qui ne donne pas le bon type de visa avec à peu près tous les visiteurs. Le visa « X », à vrai dire, est toujours aussi mystérieux. Sur le site de l'ambassade, ils expliquent les démarches pour les différents types de visas : tourisme, affaire, et transit. En fait, sur le formulaire de demande, ils mentionnent aussi le visa pour études. Devant choisir entre ces catégories, il était clair que j'étais dans la case « business ». Sauf que ... en cherchant un peu plus, on peut trouver des choses comme ceci qui expliquent que le visa « X », ou « visa de service » est « délivré généralement aux personnes qui viennent en Inde pour y travailler ». Cherchons encore un peu. Ah, un site officiel : http://www.india.gov.in/overseas/passport.php. En fait, il y a pleins d'autres types de visa, mais ça serait pas drôle si on le disait aux gens avant qu'ils demandent. En particulier, il y a le « Employment Visa » qui correspond visiblement à ma situation. Dans la liste, ils ne donnent pas la lettre correspondant à chaque type de visa (seule la lettre apparait sur le visa, par contre). Je vous laisse trouver lequel est le « X » (nous, on n'a pas trouvé).
Pour en revenir à moi, finalement, les parents n'ont pas appelé l'ambassade. C'est le bureau des relations internationnales d'ici qui s'en occupe, ils ont sans doute plus de poids. Oh, miracle, entre temps, le mec de l'ambassade répond à mon mail. J'aurais préféré une autre réponse, mais c'est déjà ça : « Sir, Please send us a copy of your visa and passport for necessary action. ». J'envoie de ce pas une version scannée de mon passeport + visa. Mais ne surtout pas croire que le fait que le mec ai répondu est signe qu'il va faire quelque chose. Ça fait deux jours et je n'ai toujours rien. Le chairman du bureau des relations internationnales appelle l'ambassade. Pas de problème, ils s'en occupent. Enfin soi-disant, on n'a toujours rien non plus.
La secrétaire du bureau des relations internationnales envoie une lettre à l'ambassade, qui dit en substance :

VOUS FAITES CHIER A JAMAIS DONNER LES BONS VISA. C'EST QUOI CE PUTAIN DE VISA « X » ???

Enfin, je veux dire : en plus poli, plus long, mais en gros, c'est le message.
Cet après-midi, on avait toutes les pièces sauf ce %#!@ de fax. Allez, on tente notre chance au FRO. On leur montre le fax qu'on a envoyé à l'ambassade, les échanges de mail imprimés, on leur dit qu'on a appelé l'ambassade. Rien à faire. Ces connards ne bougeront pas le petit doigt tant qu'on n'aura pas le fax de l'ambassade. Le mec du FRO se montre quand même compréhensif (je devrais peut-être plutôt dire « faux-cul », mais bon). « Don't worry, we're going to help you, but right now, we are waiting for the fax of your ambassy ». Je lui demande s'ils peuvent appeler eux même l'ambassade, lui explique que j'ai tout fait comme il faut, que j'ai mailé, faxé, téléphoné, mais qu'ils ne font rien. Il me dit que non. Je dis que c'est pas ma faute, il me répond que c'est pas de la sienne non plus. OK, on est tous d'accord que c'est de la faute de l'ambassade, sauf que si ils ne font rien, c'est moi qui paye (indémnités de retard dans un premier temps, à partir du 25 janvier, et je ne sais quoi après).
Je ne comprends pas très bien la logique derrière tout ça. Une explication est que tout le monde traine des pieds jusqu'à ce qu'on donne un backchiche, mais pour les mecs de l'ambassade qui font les visa par correspondance, je vois pas trop. Ils s'attendent quand même pas à avoir un billet dans l'enveloppe envoyée en recommandé ?? Et même ici, tous les gens du FRO qui me font chier : à aucun moment ils n'ont sous-entendu qu'on pouvait s'arranger « à l'amiable » ou quoi. Alors que ça m'est arrivé de devoir payer des backchiches, et je peux vous assurer que c'était plus que des sous-entendus. Quand il faut vraiment payer, c'est plutôt « donne-moi 100 roupies ou je ne le fais pas ». Bref, ils trainent des pieds, ne font pas ce qu'on leur demande, et au final, ça fait plus de boulot pour moi comme pour eux. A ce demander si ils ne font pas juste chier les gens par plaisir ...
Bon, enfin voilà, je suis un peu énervé ce soir. En fait, je devrais être en train de bosser, là, mais j'avais besoin de me passer les nerf sur quelque chose avant.
Suite des événements : le bureau des relations internationnales s'occupe de tout. Ils vont harceler l'ambassade et me disent de ne pas m'en occuper moi-même.